Il est difficile de réellement prévoir les réactions de Taurok. Parfois, il saura se montrer passif, voire même clément, tandis que dans d'autres situations similaires, il n'aura aucune hésitation à faire usage de violence pure, voire même de cruauté envers toute forme d'opposition. C'est un être tantôt impitoyable, tantôt habité par le doute, qui se laisse aller à son état émotionnel actuel.

S'il est admis une chose, c'est que son esprit n'est plus complètement sain. Ces années passées à voir sa vie détruite ont fortement affecté son mental et l'ont rendu assez instable, voire parfois incapable de savoir rester constant dans ses comportements. Il n'en est pas complètement fou pour autant, mais il est ce qu'on pourrait appeler un psychopathe, dans ses plus sombres heures. Et un beau, en plus de ça...

Il est très dur à approcher en raison de son passé assez troublé, et le fait de ne provoquer chez lui aucune réaction violente est une bonne chose. Cependant, son caractère est assez lunatique et il est difficile de prévoir la majorité de ses réactions. Son sang de Dragon, bien que peu proéminent en lui, lui confère une personnalité très changeante. Lorsqu'il était encore plus jeune, elle avait fait de lui un véritable fou sanguinaire. Aujourd'hui, ces pulsions se sont beaucoup calmées, et il est plus accessible pour les personnes plus ouvertes d'esprit.

En revanche, il n'a aucune honte à assumer son passé, et en parlera normalement comme si tout allait bien. Au fond, il en souffre énormément, mais il ne cherche pas à se trouver d'excuses ou à fuir la vérité. Il admet pleinement ses torts et n'hésitera pas à agir en conséquences, bien que certains puissent ne pas le croire.

Sur l'archipel des ombres, un groupe de sombres cultistes dévoués au Dragon Déchu voulut tenter une expérience. Les énergies néfastes de Grima avaient disparues, mais ce monde n'était pour autant pas dépourvu de très funestes entités vers lesquelles se tourner. Ainsi, après de longues recherches, un rituel leur vint en tête : l'un de leurs gourous, possédant du Sang de Dragon, décida de capturer une humaine et de lui faire porter sa descendance.

Neuf mois plus tard, un jeune bébé était né et était supposé faire office de porteur de mort pour leur groupe. Malheureusement pour eux, mais heureusement pour lui, sa mère fut retrouvée peu après l'accouchement par des éclaireurs Laguz. Escortée et mise en sécurité, elle mourut en raison des conditions de vie imposées par ses esclavagistes, et son jeune nourrisson était aux mains de ses sauveurs. Seulement, ces derniers ne pouvaient pas élever un enfant au sang si impur éternellement dans un lieu où il pourrait être repéré et enlevé par des forces si obscures... Alors il passa le début de son enfance à Garenn, jusqu'à ses 8 ans, avant d'être amené au sein de l'empire de Valm pour être éloigné de l'archipel. Il devait être emmené sur un continent humain, coûte que coûte.

Une corvette en direction du continent de Valm fut déployée, pour d'autres raisons à l'origine. Taurok n'avait que quelques semaines, et il fut amené à Valm, où il fut laissé sur le pas de la porte d'un orphelinat de campagne.

Comme beaucoup d'enfants abandonnés, il finit alors dans l'école militaire de Valm dès qu'il fut en âge. Les conditions étaient rudes, et elles étaient destinées à faire de lui un guerrier, un tueur froid et impitoyable qui apporterait la mort à tous les opposants de sa glorieuse nation, sans en contester l'autorité. Il apprenait à se battre, mais il apprenait également la discipline, la force d'esprit et les rudiments de la tactique militaire. Au fil des années, il sentit quelque-chose se développer en lui. Dès l'arrivée de l'adolescence, alors qu'on l'envoyait en fausse patrouille, il se retrouvait en pleine bagarre.

Ce n'était pas grand chose, mais un riche enfant de touriste avait ruiné le déjeuner d'un gamin des rues en l'écrasant au sol. Car après tout, aux yeux d'un riche habitant de Rosanne, qu'est-ce qu'un pauvre, si ce n'est une anomalie qui ne devrait pas exister dans une société bien construite ? Ni une, ni deux, Taurok le plaquait déjà au sol et réclamait une compensation monétaire, sous peine de le trainer jusqu'au poste militaire le plus proche.

Il était simplement comme ça : c'était un justicier. Quelqu'un qui usait de la force pour faire respecter l'ordre à la lettre, comme on lui avait appris. Un soldat, exécutant les ordres sans qu'aucun état d'âme ne vienne induire la mauvaise idée d'émettre un jugement personnel sur ses actes. Et pourtant, le temps passant, ses talents au combat semblaient devenir sa préoccupation la plus forte, au détriment des intérêts militaires de sa nation. Puis, à ses 21 ans, après un long et ardu service militaire dans le corps de surveillance civile, il réalisa alors une chose : il ne souhaitait pas être soldat. Il voulait simplement se battre.

Ainsi il acquis une certaine renommée dans la Cage aux Lions, en tant que véritable brute. Il était violent, compulsif, et arborait pourtant ce corps et ce visage qui semblaient pourtant jeunes et à l'opposé même des stéréotypes virils de ce genre de milieu. En revanche, une chose ne trompait pas : son corps. Il avait les épaules carrés, les muscles saillants... En définitive, il était sûr et certain qu'il s'entrainait quotidiennement et vivait pour se battre.

Seulement, les combats en cage n'étaient pas suffisamment excitants pour lui. Il ne souhaitait pas simplement se battre en suivant des règles : il souhaitait aller plus loin. Ainsi il commença par tenter de faire carrière dans le mercenariat, sans succès, avant de se décider à tenter l'impossible : pourquoi ne pas devenir simplement un bandit... ? Un fou tuant et attirant à lui le danger pour lui répliquer. Au fond, Taurok sentait que sa vie n'avait aucun sens, alors pourquoi ne pas lui en donner un, celui de l'attente d'un destin funeste qui se finirait comme il a commencé, dans le sang et la haine ?

Son premier pas fut de quitter Valm, répugné par son climat nationaliste et presque fanatique envers son autorité. Arrivé sur le continent d'Ylisse, il commença purement et simplement à frapper, voire à tuer quiconque l'approchait d'un peu trop près. Et pourtant, quelques-uns survivaient ou lui résistaient, voire même rejoignaient sa cause, ce qui résulta en un groupe terrible et redouté, mené par un homme qui deviendrait surnommé par tous "La mort Rouge", en raison de son leader charismatique et pourtant si violent...

Et pourtant, un jour, une jeune femme souhaita les attaquer. Elle était incompétente, armée d'une épée absolument ridicule, et pourtant elle chargeait vers eux sans la moindre peur. Stupide, mais intrépide. Cette curiosité l'intéresse... Alors il ne la tua pas. Il se contenta de la stopper net, avant de la capturer. Chaque soir, Taurok se rendait dans la tente où elle était en cage, tentant de discuter avec elle. Bien qu'ils ne se comprenaient pas et même se détestaient un peu mutuellement, avec le temps, chacun arrivait peu à peu à découvrir l'Univers de l'autre. La "mort rouge" découvrait une certaine forme de tolérance et d'acceptation des plus faibles et des opprimés, tandis que la jeune femme, quand à elle, découvrait les bénéfices que l'on pouvait obtenir en étant supérieur aux autres.

Finalement, il eut son nom : Aria. Avec le temps, elle n'était même plus une prisonnière, mais une membre à part entière de leur groupe. Ainsi, ils furent de plus en plus organisés, chassant à la fois de riches marchands pour redistribuer leurs richesses en partie à de plus démunis, tout en se servant d'une bonne partie pour améliorer leurs moyens guerriers. La relation qui se nouait entre Taurok et Aria devenait plus intime au fil du temps... Ce que personne ne savait, c'est que la Mort rouge avait désormais environ 80 ans, et qu'il était un Hybride, une créature bâtarde entre un être lui-même ne possédant que partiellement du sang de Dragon déchu et une humaine. Pourtant, physiquement, il paraissait être un jeune homme dans la vingtaine, tout au plus la trentaine, et fort charmant, en plus de ça.

Éventuellement, leur couple donna naissance à deux jumelles, Eline et Oriana, qui subirent un destin qui rappela de trop malheureux souvenirs à leur père. Un soir funeste, les veilleurs ylissiens débarquèrent pour une bataille sans merci. Le combat fut d'une rare violence et extrêmement serré, et chaque camp perdit de nombreux hommes. Seulement, le grand perdant au final fut celui des bandits de la mort rouge : personne ne survécut. Aria elle-même périt sous les coups d'un des veilleurs, et Taurok, au bord de la mort, n'eut comme seul choix que de se jeter d'une falaise, survivant in extremis grâce aux soins d'un pêcheur local.

Quand à ses filles, elles furent emmenées par l'un des officiers des veilleurs. Aujourd'hui, Taurok a 108 ans. Ignorant que ses filles aient survécu et soient de jeunes femmes de 18 ans, il parcourt le monde, errant sans aucun but ni aucune raison de vivre. C'est une ombre de ce qu'il était, ne faisant preuve d'aucune forme de stabilité n'ayant plus ni famille, ni foyer, ni attache.