Luna était une enfant pacifique, douce et amicale. Elle possèdait un comportement de petite fille assez timide et douce lorsqu'elle vivait avec sa mère. La mort de celle-ci lui fit prendre conscience des malheurs de la vie.  
Après être passée par une phase dépressive, la petite fille commença à mûrir et à évoluer. Au fil du temps, Luna apprit à devenir comme sa maman : une femme très mature qui parle toujours avec calme et sagesse, agissant souvent avec un comportement adulte. Elle est très gentille et attentionnée envers les personnes qu'elle apprécie, en revanche, elle peut se montrer froide et distante envers les gens dont elle se méfie. Elle est de nature très prudente et ne donne pas sa confiance à n'importe qui.

Solitaire et aussi mélancolique, Luna l'est sûrement à cause de la mort de sa mère. Elle monte très souvent sur le toit de chez elle le soir pour observer les étoiles, pensant qu'elle était sûrement là à veiller sur elle, comme elle le lui avait promis.
Elle reste d'ailleurs très secrète, n'abordant que rarement sa famille ou son passé.

Pour ce qui est de ses goûts, il faut noter que Luna adore les sucreries. Elle déteste qu'on mélange le sucré et le salé et elle ne boit jamais de café. Elle a également une peur bleue des histoires de fantômes et autres esprits malfaisants.
Elle s'endort très rapidement lorsqu'on lui touche ses cheveux, il s'agit un peu de sa "zone sensible".

Luna est une femme volontaire et impliquée qui éprouve une grande volonté à aider les gens qui sont dans le besoin. Grâce à sa magie, elle fait toujours tout son possible pour procurer des soins et guérir des blessures.  

« Luna, soyez concentrée je vous prie ! »

Lasse, la petite âgée de seulement six ans détourna son regard du paysage ensoleillé qu'elle apercevait par la fenêtre, pour le poser sur le petit chaton devant elle. La pauvre bête avait une blessure à la patte, et il s'agissait là d'un exercice pour Luna. Elle devait écouter les explications de son professeur afin de pouvoir soigner l'animal.
Elle ne cachait pas son profond ennui à devoir suivre des cours dans une salle fermée remplie de fauteuils et de livres en tous genres alors qu'un temps magnifique l'attendait à l'extérieur. Les paroles de son enseignante lui paraissaient si lointaines, comme si Luna se trouvait dans un autre monde.

« Je ne peux pas aller jouer, plutôt ? Il fait si beau dehors ! »

« Vous n'avez donc rien écouté de ce que je vous ai dit ! Si vous étiez un peu moins rêveuse, peut-être vous laisse-...»

Un grincement interrompit la jeune femme. La porte s'ouvrit, laissant apparaître la grande et fine silhouette de madame Sasaki la mère de Luna. Une aura agréable émanait de son corps, et son visage affichait toujours une expression douce et aimable. Ses jolis cheveux blonds retombaient le long de son dos, et elle portait une longue robe blanche qui la faisait ressembler à un ange.

« Que se passe-t-il ? » dit-elle de sa voix mielleuse.

Le professeur de soins braqua son regard désespéré sur la petite blondinette aux pomettes rosées assise sur sa chaise.

« Madame ! Comme d'habitude, Luna pense que regarder le paysage est bien plus intéressant que suivre mes cours ! Elle n'est pas concentrée, je ne peux pas lui enseigner quoique ce soit dans ces conditions. »

Les douces prunelles de la mère se posèrent sur le petit chaton puis sur sa fille qui rougissait légèrement. Luna savait qu'elle était une personne très occupée, elle procurait des soins à toutes les personnes qui en avaient besoin, et ce travail n'était pas de tout repos. Luna ne voulait pas lui faire perdre son temps à cause de telles futilités.

« M-maman...j-je... »
« Ça va, la coupa-t-elle. Laissez-là prendre un peu l'air, elle en a bien besoin. Et...il fait trop beau dehors pour rester enfermé ici, vous ne trouvez pas ? »

Elle adressa un petit clin d'œil à sa fille dont le visage affichait un grand sourire. Elle prit le chaton blessé dans ses bras et d'un signe de tête, invita Luna à la suivre pour l'emmener dans le jardin. Elle voulait passer un peu de temps avec elle avant de retourner à son travail.

« Pourquoi je suis obligée de suivre des cours toute la journée ? C'est ennuyeux...» soupira-t-elle en s'asseyant sur un banc.

En cette fin d'après-midi, le soleil ornant le ciel projetait ses rayons orangés sur le jardin entier. La lumière était apaisante, en particulier pour Luna qui ne sortait pas très souvent de sa salle de classe.
Madame Sasaki laissa échapper un petit rire tout en caressant l'animal. Elle leva son regard doux sur sa fille et durant l'espace d'une seconde, elle eut l'impression de se voir en elle. Elles avaient le même visage, les mêmes cheveux mais aussi le même caractère.

« Ton père tient à ce que tu bénéficies de la meilleure éducation possible. C'est pour ton bien. Mais tu sais...j'étais exactement comme toi lorsque j'avais ton âge. »

« C-comme...moi ? »

« Oui...je n'étais pas intéressée par les cours qu'on me donnait. Je n'en voyais pas l'intérêt et je passais mon temps à regarder par la fenêtre, dit-elle en lui adressant un sourire en coin qui fit rougir la fillette. Mais plus tard, j'ai compris à quel point le fait de soigner était important. Regarde. »

Elle passa sa main sur la patte blessée du chaton qui s'illumina légèrement. Quelques secondes plus tard, elle le posa au sol et il se mit à marcher comme s'il n'avait jamais eu la moindre blessure. Luna était fascinée face à la délicatesse de sa mère et la rapidité avec laquelle elle venait de soigner l'animal.

« Même les plus grands guerriers ont besoin des soigneurs, sans quoi, ils ne pourraient pas combattre. Avec le temps et l'expérience, Luna, tu finiras par acquérir des compétences très puissantes qui te permettront de faire bien plus que soigner de simples blessures. »

Elle posa doucement sa main sur la tête de sa fille et acheva :

« Mais pour cela, il faut apprendre. »

Luna resta silencieuse un instant, réfléchissant à ce qu'elle pourrait répondre après cette leçon. Elle prit la main de sa mère et lui dit avec un grand sourire aux lèvres :

« Bon ! Bah ce dont je suis sûre, c'est que tu enseignes mieux que mon autre professeur ennuyeuse ! »

« Voyons, Luna ! »

Elle lui ébouriffa les cheveux et toutes les deux se mirent à rire. Luna se dit alors que plus tard, elle deviendrait comme sa mère : une sœur qui sauvera des vies et qui sera réputée dans toute la région.



« C-ce...ce n'est pa-pas...juste ! »

La petite Luna sanglotait, la tête posée sur le ventre de sa maman qui lui caressait tendrement sa belle chevelure dorée. La fatigue pouvait se lire sur les traits de la mère souffrante, allongée sur un lit depuis désormais deux mois. Elle savait qu'elle n'allait plus vivre très longtemps aux côtés de sa fille qu'elle chérissait tant. Une maladie l'avait atteinte il y a un an de cela, et, au grand désespoir de la fillette, il n'y avait plus aucun espoir pour elle.

« Allons, ne pleure pas Luna. Je continuerai à veiller sur toi, peu importe le monde dans lequel je me trouverai. »

Les mains de la petite enfant serraient la robe de sa maman de plus en plus fort. Elle ne voulait pas qu'elle s'en aille. Elle ne voulait pas qu'elle l'abandonne. Comment réussira-t-elle à s'en sortir, sans elle ?

« Luna. Je vais t'enseigner une formule magique, très efficace pour guérir les blessures. »

Elle lui avait dit cela afin de lui faire oublier le grand chagrin qu'elle éprouvait. Après sa mort, elle se retrouverait avec son père. Elle jugeait donc bon de lui donner quelque chose dont elle pourrait se servir dans la vie. Luna était encore trop jeune pour se servir de sa magie, mais sa mère était issue d'une noble famille assez réputée à Ylisse, connue principalement pour ses prêtres et sœurs très qualifiés. Les citoyens sollicitaient très souvent la mère de Luna pour qu'elle leur procure des soins, et elle était de loin la femme en qui ils avaient le plus confiance dans tout le royaume.

Les larmes ne cessaient de couler le long des pomettes de la petite, mais elle leva tout de même ses yeux rougis vers sa maman.

« A-a...avec ça je...je pourrai te guérir ? » dit-elle de sa petite voix, une once d'espoir dans le cœur.

Elle laissa échapper un petit rire tout en prenant les mains de l'enfant entre les siennes. Elle voulait pleurer, évidemment. Mais elle ne voulait pas laisser à sa fille l'image d'une mère triste pour leurs derniers adieux.
Mourir avec le sourire, c'était ce qu'elle avait envie.

« Non ma chérie. Pour moi c'est trop tard, plus aucun sort ne pourra me sauver. Mais toi, tu pourras sauver d'autres gens. »

La blondinette secoua la tête et la replongea à l'intérieur de la couverture qui couvrait sa maman.

« Je ne veux pas guérir d'autres gens si je ne peux pas te soigner toi ! J-je...je n-ne veux p-pas ! » dit-elle, la voix enrouée et les yeux gonflés par les pleurs.

La souffrante prit sa fille dans ses bras et la serra fort contre elle. D'une main, elle chassa les larmes qui menaçaient de couler le long de ses joues. Les paupières fermées, elle ne cessa de répéter cette seule et unique phrase :



Elle lui récita la formule, que la petite se força à écouter et à mémoriser.




La vie que menaient Luna et son père était paisible et sans embûches. Le décès de sa mère avait provoqué un énorme vide dans la maison, mais les deux se sont soutenus mutuellement afin de surmonter cette dure épreuve. Son papa savait à quel point le lien qui reliait sa fille et sa femme était fort. Elles étaient très complices et la petite la voyait comme une confidente à qui elle pouvait confier tous ses secrets. Il avait été très inquiet quant à l'état de son enfant qui ne souhaitait plus ouvrir la bouche ni effectuer le moindre effort après l'évènement tragique.
Luna pensait sincèrement que s'il n'avait pas été là pour l'épauler, elle n'aurait sûrement jamais pu se remettre de la mort de sa maman.

Elle continuait à apprendre sa magie. Non pas que son père l'y obligeait, mais elle se remémorait toujours les phrases que sa défunte mère lui avait dites dans le jardin. Il s'agissait là de sa seule source de motivation.
Elle s'entraînait donc chaque jour et sans relâche, n'ayant qu'un seul but en tête : atteindre le niveau de sa mère. Mais malgré tous ses entraînements, Luna pensait toujours qu'elle ne lui arriverait jamais à la cheville. Mais ce qu'elle voulait  par dessus tout, c'était de pouvoir sauver des vies et ainsi épargner aux autres ce sentiment de souffrance et de vide lorsque l'on perd un être cher.