En apparence forte et sûre d'elle, Adaline ne veut pas s'avouer sa faiblesse. Et la plupart du temps, le stratagème fonctionne. Elle refuse de penser à son passé, première phase de contrariété dans sa vie, et essaie d'accepter son futur. Un futur qu'elle se bâtira de ses propres mains, sans l'aide de personne. Elle refuse l'aide de quiconque, ne pouvant accepter de lui être redevable. Une faveur pouvant lui être demandé à tout moment n'est pas réellement possible dans ses plans d'avenir.

Elle aime pourtant se sentir utile. Si elle repère une personne en danger, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour la protéger. Avant de disparaître. Sa réelle peur est l'attachement. Elle ne pourra jamais avoir d'amis sur qui compter. Pas s'ils découvrent le secret de sa naissance. Persuadée qui personne ne l'acceptera telle qu'elle est, après avoir essuyé plusieurs déceptions dans ce domaine, elle ne risque pas d'essayer. Et si un nuisible s'accroche à elle, elle n'aura cas secouer sa botte pour l'écraser.

Depuis le rejet évident de sa famille, son rôle de garde en alternance la rend bien plus sociable. Toutefois ses discutions restent hypocrites. Elle ne peut comprendre comment une personne pourrait réellement s'intéresser à la progéniture illégitime de la famille d'Escrots d'Estrée, bien que personne ne soit au courant.

Le force des mots est impressionnante même si peu de gens en son conscient. Ceux qui le sont ne sont pas forcément doué pour les utiliser. Son éducation l'a doté du don de la rhétorique et elle s'en sert à bon escient pour supprimer tout désagrément de son passage. Son esprit d'analyse lui permet de façonner des plans ingénieux, passant presque toujours par une phase de négociation. Elle évite donc de se battre. Elle connait ses limites. Malgré ses efforts pour devenir plus forte, ce n'est pas son domaine de prédilection. Elle est toutefois assez bonne pour fuir et esquiver les attaques, mais la fatigue peut vite arriver.

Adaline d'Escrots d'Estrée descend directement d'une lignée de noble de Rosanne. La consonance notable de son nom de famille, n'a pas été laissé au hasard. Son arrière-grand-père était le premier de la famille à être arrivé a pouvoir, par détour de chantage et d'arnaque. Le nom était alors resté et la réputation des générations à venir scellées.  On ne peut par dire qu'Adaline corresponde toutefois à cette description. Elle est de toute façon peu acceptée par son entourage et même plutôt cachée par ses parents. Enfin, par sa mère...

Leesa d'Escrots d'Estrée avait eu une aventure avant de se marier. Son âme-soeur était bel homme, riche et respectable. Sa race pourtant ne correspondait pas aux critères de son père. Il était un Laguz, un Oiseau, bien trop ridicule et méprisable pour se tenir au bras de sa fille. Il lui fit épousé un homme corrompu et malléable, capable de gagner les prochaines élections et devenir l'un des ducs dirigeant le pays. Une fois le mariage consommé, Leesa tomba enceinte. Un bébé blanc comme neige arriva, comme recouvert d'un doux duvet. Ce n'était pas la fille de son époux. Lorsque Sachain d'Escrots d'Estrée vit sa fille pour la première fois, il voulu la rejeter mais sa femme le supplia de la garder. Elle pourrait au moins être utile à la famille. Si personne n'était au courant de rien, la famille ne risquait pas d'avoir une mauvaise réputation.

Les femmes de chambres ayant assistées à la naissance d'Adaline furent toute tuée par la suite, pour être sûr que cela ne s'ébruite pas. Toute sauf une. Louisine. La gouvernante de la demeure resta près d'elle pour lui donner une éducation digne d'une princesse. Ce qu'elle était à ses yeux. Elle enchaîna les précepteurs, cours de musique, de danse, d'histoire, de politique, d'économie, de stratégie militaire jusqu'à l'âge de ses 15 ans. Après cela, sa mère accoucha d'un enfant légitime et la vie de la jeune femme bascula. Bien sûr son père ne pouvait pas la rejeter entièrement, cela faisait trop longtemps que cette mascarade durait pour que les gens puissent l'oublier.

On lui trouva alors une nouvelle utilité, celle de protéger son frère pour le reste de sa vie. Ses techniques militaires s'aiguisèrent jusqu'à devenir garde du corps des ducs dirigeant le pays. Mais elle n'était pas encore assez forte pour protéger son demi-frère. Et le fait de conserver son titre de Marquise n'aidait pas forcément ses collègues à la prendre au sérieux.

Il ne lui reste aujourd'hui plus que deux ans pour atteindre sa majorité. Son frère a 5 ans et est un véritable petit monstre. Adaline a apprit de ses caprices de son frère, elle reste toutefois une jeune fille éduquée dans la noblesse. Elle reste fière, mais plus aimable.  Elle a retenue la leçon de ses cours de diplomatie. Mais l'hypocrisie fait partie de son quotidien, c'est sa seule ligne de défense contre le monde extérieur. Contre sa famille en premier lieu, puis contre le monde extérieur. Son apparence est un sujet tabou, personne ne doit l'apprendre. Pourtant lorsqu'elle sera majeure, elle espère bien pouvoir s'enfuir de ce pays et devenir mercenaire. Personne alors ne saura rien de sa vie passée.

Étant garde du palais, elle se mêle de plus en plus souvent à la populace, mais son titre et son attitude la trahis bien trop souvent pour qu'elle ne puisse encore en faire entièrement partie. Trop hautaine ou trop polie. Rester simple n'est pas évident, l'apparence avant tout, n'est-ce pas?