Shon'Lee est une jeune femme à la fois dynamique et réfléchie. La dure loi de la jungle tropicale lui a appris que sa survie dépendait de sa force tout comme de sa ruse. Malgré sa grande ignorance elle n'en demeure pas moins intelligente et maligne. Même si elle ne se tient pas au courant des politiques ce qui se passent hors de la jungle son instinct la guide et l'aide à anticiper les intentions, notamment celles de ceux qui tentent de s'aventurer sur son territoire. Excellente chasseuse, elle sait confectionner des pièges mortels et des armes à partir de rien. De nature candide et spontanée, elle tire sa grande méfiance de ses nombreuses leçons acquises après avoir côtoyé les hommes pendant un temps. C'est pourquoi elle préfère largement la compagnie des animaux et de la nature que celle des humains, qu'elle trouve compliqués et beaucoup plus dangereux que certains prédateurs eux-même car foncièrement capable de mentir...

Si en apparence elle a l'air tout à fait calme, diplomate et semble vous apprécier, elle n'hésitera pas à vous sauter à la gorge au moindre geste suspect, imprévisible telle une vraie bête sauvage ! Débrouillarde et aventurière, elle ne reçoit d'ordres de personne et aime faire les choses à sa façon. Elle peut sembler dure et insensible, manque cruellement de tact et tire parfois des sarcasmes cinglants à cause de son tempérament taquin, de ce fait peu de gens l'apprécie réellement malgré son apparence attirante. Pour ne rien arranger elle est d'un tempérament orgueilleux ce qui l'amène souvent à des relations conflictuelles. C'est pourquoi elle est assez renfermée sur elle-même et préfère la solitude de la jungle plutôt que la vie dite civilisée.

Pour continuer sur cette lancée, sa faiblesse demeure son ignorance qui peut parfois la mener à douter d'elle-même. Et Dieu sait qu'elle possède une sainte horreur de se retrouver privée de sa confiance habituelle. Étrangement, pour quelqu'un réagissant énormément au gré de son instinct, elle possède une réelle crainte de l'échec. Avant de sortir une première fois de la jungle elle n'en possédait même pas la notion. Cette profonde crainte est due à un événement traumatisant de sa vie qui sera abordé dans la partie histoire.

Sa malchance légendaire alliée à sa curiosité la mène souvent à se fourrer dans de beaux draps. Très touche-à-tout, il n'est pas rare de la voir poser beaucoup de questions ou de se retrouver totalement intriguée par des choses complètement banales lorsqu'elle sort de sa jungle. Très protectrice et maternelle envers les animaux qui l'ont élevée, elle est prête à tout, y compris sacrifier sa vie pour protéger la forêt dans laquelle ils vivent. Sincère et altruiste, elle puise toute sa détermination dans ceux qu'elle aime.

Évitez de perdre sa confiance durement acquise ou de vous montrer un peu trop entreprenant. Il est dit que Shon'Lee, malgré son côté parfois juvénile, possède un penchant sanglant  pour le combat qui pourrait vous être fatal à bien des égards...

Elle ne sut jamais qui furent réellement ses parents. De vagues souvenirs s'en allaient et venaient mais cela faisait bien longtemps qu'elle avait oublié leurs visages. A cinq ans elle fut abandonnée seule dans un village de Chon'sin répondant au nom de Chi'huan. Tout ce que ses parents lui avaient laissé était une étrange pierre ronde d'où émanait une énergie bestiale. Mais hélas en ces mauvais temps de récolte, le riz venait à manquer et personne n'avait besoin d'une bouche de plus à nourrir. D'un pas hasardeux et le regard perdu, la petite fille sans parents erra un moment au sein du village... Avant de le quitter un jour pour s'enfoncer profondément dans la terrible jungle en bordure. Aucun adulte ne s'en préoccupa ; au contraire ils estimèrent après quelque jours de disparition son probable décès... Puis retournèrent travailler durement le regard creux.  

Shon'Lee n'était pas morte. Elle avait miraculeusement survécu en mangeant des fruits et tout ce qu'elle pouvait trouver sur son chemin.  Aucune bête sauvage n'avait daigné l'attaqué de l'attaquer pendant cette longue errance à travers la jungle tropicale. Au contraire, elle ressentait une grande affinité réciproque non seulement avec les animaux mais aussi avec la nature, doux berceau protecteur et pourtant si impitoyable. Pendant qu'elle se penchait au-dessus de la rivière pour boire un peu d'eau, elle aperçut un troupeau de sangliers sauvages sur la berge. Ces derniers la regardèrent un moment puis s'en allèrent, traçant un chemin à travers la forêt jusqu'à une place magnifique verdoyante à l'odeur fruitée entourée de manguiers et de jacquiers. Instinctivement, l'odeur fruitée alléchante aiguilla la fillette sur la comestibilité de ces fruits et à l'aide d'une pierre tranchante elle put tant bien que de mal extraire le jus et la chair. La maigrichonne fillette réussit à survivre ainsi pendant plusieurs mois, tombant parfois malade et réduite à se faire un toit laborieux avec des feuilles et des branchages en temps de forte pluie.

Un jour une magnifique panthère blanche se présenta à elle. Celle-ci, séduite par cette étrange être fragile dont l'aura et l'odeur furent familières, la prit sous son aile. Ensembles elles partagèrent la nourriture et le sommeil, Shon'Lee recroquevillée dans la fourrure de la bête. En mangeant la viande apportée par la panthère (qu'elle avait surnommé Ren), la petite fille reprenait des forces. Ce n'était pas également sans compter sur la particularité de cette fameuse jungle Chon'sienne d'où s'écoulait une énergie mystique dans laquelle la nature puisait sa force et sa beauté. S'appropriant et se nourrissant également de cette énergie, Shon'Lee recouvrit peu à peu une étonnante vitalité qui fit d'elle une chasseuse hors-paire. Elle découvrit également lors d'une de ses chasses qu'elle pouvait se changer elle-même en félin aux griffes et aux crocs acérés en présence de cette étrange pierre qu'elle avait hérité et gardé sur elle pendant tout ce temps. Rapidement elle gagna le respect des bêtes de la jungle, enchainant parfois de rudes et féroces combats contre d'autres prédateurs. C'était la loi du plus fort dans sa plus simple expression et Shon'Lee n'en connaissait pas d'autre.

A l'aube de ses 16 ans elle rencontra pour la première fois depuis longtemps un autre être humain. Il s'agissait d'un guerrier de l'armée Chon'sienne nommé Ari' Tsu. revenant d'une mission au-dela de la frontière. Blessé, il faillit mourir en tombant dans un des pièges fabriqués par Shon'Lee destinés à la chasse et c'est donc presque tout naturellement que cette dernière le tira de ce mauvais pas et pansa ses blessures. Intrigué par l'histoire incroyable de la jeune sauvage, il lui proposa de l'accompagner à la capitale.

<< Je t'aiderai à rentrer dans l'armée. Tes pouvoirs sont très impressionants. Je suis persuadé que tu seras très utile à l'empereur. >> affirma Ari' Tsu avec admiration sa proposition qui séduisit la jeune Shon'Lee.

Et c'est ainsi qu'elle quitta la première fois ses amis et la jungle dans laquelle elle avait grandi. Bien qu'elle se plaisait dans ce foyer, la perspective d'un nouvel environnement entourée de ses "semblables" la rendait impatiente et heureuse et elle ne put rien faire d'autre que de répondre à l'appel de l'inconnu. Elle fut adoptée par le fameux guerrier -promu à son retour général dans l'armée de Chon'sin- puis entra elle-même à ses côtés dans la cavalerie. Habituée à chevaucher Ren sa panthère blanche, elle maniait la lance avec une férocité et une adresse impitoyable tout aussi bien à cheval. Ce ne fut qu'une question de temps avant qu'elle ne fut chargée de missions de plus en plus dangereuses.

La jungle commençait à lui manquer. Shon'Lee profitait souvent de ses congés pour retourner voir Ren sa "vraie" famille. Devenue vieille, la panthère montrait des signes de faiblesse et Shon'Lee lui fut d'un indéniable support, ne manquant jamais une occasion de venir chasser pour elle. Sa précieuse famille, le chant paisible de la nature, ses couleurs vives et harmonieuses, sa senteur rafraichissante, le frisson de la chasse... Elle se rendit à quel point elle y tenait. Néanmoins la menace d'une déforestation planait dangereusement sous le joug de l'empereur. En effet, dans l'optique de produire plus de forges et de mines, le rasage d'une partie de la jungle était devenu nécessaire. La guerre faisait rage et Shon'Lee comprenait très bien. Elle mit les animaux de la jungle à l'abri de la zone concernée et observa non sans un pincement au cœur la destruction partielle d'une terre gorgée de souvenirs. Toutefois il fut estimé que la zone n'était pas assez grande alors la déforestation augmenta. Très vite, Shon'Lee comprit que les limites soi-disant inscrites par l'empereur étaient devenues caduques. Impuissante, elle fut jetée au cachot lorsqu'elle tenta de se rebeller. Personne ne comprit pourquoi tant de rage et d'obstination pour sauver la vie d'une poignée d'arbres.

<< Mes amis n'ont pas à payer pour la guerre que vous vous obstinez à mener ! >> s'était-elle écriée à l'empereur avant de se faire emmener.

En attendant la sentence de la mort, Shon'Lee pleura longtemps en prison, maudissant le jour où elle avait quitté la jungle pour servir sous les ordres barbares d'un scélérat. Le dernier jour avant son exécution, son père adoptif Ari' Tsu vint la voir et lui confia une nouvelle Bestipierre.

<< Shon'Lee pardonne-moi. Je n'ai pas pu être plus rapide pour venir te sauver. La jungle est déjà... >>

D'un coup de griffes et de bonds surpuissants les portes du cachot volèrent en éclat et un immense fauve au pelage doré fonçait en direction de la jungle dévastée.  Mais c'était déjà trop tard. Plus de la moitié de l'imposante forêt s'était évaporée en braises ardentes. Elle ne retrouva jamais Ren, qu'elle devinait déjà être parmi les cendres qu'elle enjambait sans fin.

On dit que ce jour-là un rugissement douloureux résonna depuis la profonde jungle. Le cri était si terrifiant qu'il est dit que les soldats n'osèrent pas s'en approcher durant les premiers jours. On ne put dire s'il s'agissait de celui d'une bête ou celle de la jungle elle-même, tellement que l'écho fut saisissant.

Les jours suivants il fut rapporté qu'une bête enragée rôdait et fit tellement de victimes parmi les soldats que personne n'osa s'approcher des mines et des forges fraichement installées. Pire, à chaque fois que l'empereur tentait de les reconstruire, elles ne faisaient jamais long feu et la présence de la bête dissuadaient les humains à s'aventurer plus loin. Certains rapportaient voir une horde de lions énormes s'en prendre aux audacieux, d'autres la figure mi-femme, mi-bête mystérieuse au regard envoûtant et terrifiant...

La légende de la gardienne Laguz était née. Très vite, la nature reprit ses droits sur les hommes et se montra davantage hostile. Un conseil, si vous vous aventurez sur ces terres luxuriantes remplies de plantes toxiques, de ronces épaisses, d'animaux sauvages et d'insectes vénéneux prenez garde. Il s'agira sûrement de la dernière de vos préoccupations lorsque vous sentirez la pointe d'une lance s'enfoncer dans votre dos.